Chronique EESF N°13 - Juillet 2010

La FPTF prend en main le développement des plantations de Jatropha et les écoles participent à la promotion du programme.

L’année dernière nous avions distribué aux membres du programme 43.000 plants de Tabanani (dont 4.500 produits par la Fédération de Producteurs de Tabanani de Foundiougne, FPTF) et 1,5 tonnes de semences.

Devant le faible taux de réussite des semis directs (les jeunes plantules sont notamment attaquées par les insectes qui pullulent en début d’hivernage), cette année les groupements de producteurs ont décidé de s’organiser pour produire leurs propres plants. Ils ont collecté dans les villages de la région 350 kg de graines, réalisé plus d’une trentaine de pépinières, collectives ou individuelles, où on a dénombré au mois de juin environ 78.000 pieds de Tabanani ! Ils avaient pour la plupart 2 à 3 mois d’âge et étaient bien développés au moment où les pluies commençaient : cette année l’hivernage a été précoce et à la mi-juillet, une fois les cultures de mil et d’arachide semées et les premiers sarclages effectués, les groupements ont pu commencer à distribuer leurs plants.

Au même moment des rencontres avaient lieu avec les représentants de l’Université Agronomique de Gembloux (Belgique) et de l’Ecole Nationale d’Agronomie de Thies, pour le démarrage d’un programme de recherche sur l’intégration du Tabanani dans les systèmes de production paysans. Pendant 5 ans ce projet va réaliser diverses expérimentations d’associations de cultures, de synergies avec l’élevage, d’utilisation du tourteau comme engrais organique et de l’huile comme insecticide, etc… Il prendra en charge la rémunération et la formation des dix relais techniques que nous avons mis en place depuis l’année dernière, grâce au soutien de l’association Présent d’Avenir, au niveau de chacun des groupements de producteurs.

Au bout de deux années d’efforts, la composante ‘Tabanani’ du programme EESF est donc maintenant bien lancée et sa prise en main par la FPTF suscite l’enthousiasme.

Ainsi, les enseignants de 7 écoles primaires ont lancé une animation interscolaire sur le thème ‘le Tabanani et mon école’ (voir la chronique du mois de mars 2010). Les classes allant du CE1 au CM2, 438 enfants au total, ont découvert cette plante qu’ils côtoyaient sans la connaître et, à travers elle, la richesse de leur environnement : ils ont collecté des graines, réalisé des pépinières et produit près de 7000 arbres qui serviront à clôturer les écoles ; ils ont surtout appris l’utilité de cette plante pour protéger les cultures, enrichir les sols et produire de l’énergie.

Les enfants étaient originaires de 27 villages, dont la moitié ne faisaient pas encore partie du programme : nombreux sont les parents qui ont soutenu cette initiative et manifesté leur volonté d’y adhérer ; un village, Ngoulngoul, a même annoncé qu’il veut constituer un nouveau groupement !

Cette opération a été soutenue par ASADER, une association de professionnels sénégalais qui mettent leurs savoirs au service d’initiatives porteuses de développement durable et solidaire, et accompagnent des jeunes désireux de contribuer au développement rural dans la découverte d’opportunités sociales et professionnelles.

L’année prochaine, ces écoles ont bien l’intention de renouveler l’opération. Une fois les clôtures achevées, la vente des plants (et dans quelques années celle des graines) contribuera à générer des ressources qui leur font si souvent cruellement défaut pour améliorer les conditions dans lesquelles elles dispensent leurs enseignements.

Pour le programme EESF, devant l’intérêt suscité par cette première expérience et les résultats obtenus, l’objectif sera de la reproduire dans l’ensemble des zones dans lesquelles il est implanté.

Voilà une activité qui n’était pas du tout prévue au départ, mais qui vient en révéler toute la dimension : n’est-ce pas en songeant à l’avenir de nos enfants que nous nous y sommes engagés ?

Le programme EESF a ainsi beaucoup évolué depuis sa conception. L’idée de départ est continuellement remodelée au gré des connaissances acquises, de l’évaluation des difficultés rencontrées, des énergies nouvelles nées de l’espoir que nous avons soulevé. Notre seule richesse, c’est cette liberté que nous avons de prendre toute initiative qui nous paraît pouvoir contribuer à promouvoir les valeurs de solidarité et d’équité qui nous réunissent.

Mobiliser des responsables paysans, des enseignants, des élus locaux, les amener à s’approprier notre vision du développement local et à s’y investir, cela implique qu’ils apprécient les objectifs que nous nous sommes donnés et la qualité de notre approche, qu’ils soient convaincus de nos capacités et de notre sincérité. Ce ne peut-être là que le résultat d’une présence patiente et d’une disponibilité de chaque instant à rebondir sur toute opportunité et à valoriser toute bonne volonté, dès lors qu’elle respecte notre engagement et nos valeurs.

Le nombre croissant de ceux qui s’investissent dans le programme, le soutiennent et s’y intéressent nous conforte dans cette approche.

Bruno Legendre, agronome


publié par   Bruno Legendre
le lundi 2 août 2010
 
 

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