Service de l’Eau
Les conditions d’approvisionnement en eau des populations rurales sont préoccupantes, et la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), malgré toute la mobilisation et la médiatisation dont ils sont l’objet, ne constitue qu’un tout petit pas vers leur amélioration.
Les OMD considèrent que l’accès à l’eau est raisonnable lorsqu’on habite à moins de 1km d’une source d’approvisionnement.
Les femmes qui doivent parcourir une telle distance plusieurs fois par jour, en plein soleil, avec 20kg sur la tête, partagent-elles cette ’raison’ de nos gouvernants ? Cela est fort peu probable. Mais malgré tous les discours sur l’approche genre, on se soucie bien peu de leur avis.
Des centaines de milliers de personnes, y compris au Sénégal continuent à consommer des eaux à très fortes concentrations en fluor, dangereuses pour la santé, sans qu’aucun investissement public digne de ce nom soit engagé dans la recherche d’une solution.
2015, c’est l’échéance que s’est donnée la communauté internationale pour réaliser les OMD, c’est à dire réduire de moitié le nombre de personnes n’ayant pas accès aux services de base d’eau potable, de santé, d’éducation.
Même si le Sénégal réussit à les atteindre globalement en ce qui concerne le secteur de l’eau, des disparités énormes subsisteront : après un tel succès, quelle sera la volonté politique à poursuivre l’effort pour donner de l’eau potable à ceux, environ 1 million de personnes, qui n’y auront pas encore accès ? Le pays doit faire face à tellement de défis, dans tellement de domaines...
C’est dans ce contexte, parce que la dignité des plus démunis est en jeu, que les Nations-Unies ont chargé en 2005 un avocat sénégalais, El Hadj Guissé, d’élaborer des Directives pour le Droit à l’Eau potable. Puis, grâce à la mobilisation de nombreuses organisations de la société civile à travers le monde, l’Assemblée Générale des Nations-Unies a reconnu en juillet 2010 que le Droit des populations à l’Eau Potable constitue un droit essentiel à la réalisation de l’ensemble des droits de l’Homme.
Mettre en œuvre un Service de l’Eau en milieu rural ne se limite pas à faire payer l’eau par les usagers. Il s’agit de développer une stratégie cohérente, visant à pérenniser l’accès pour chacun, en quantité suffisante, à une eau de qualité. La réalisation d’un tel objectif suppose de s’appuyer sur des choix technologiques appropriés, mais aussi sur une mobilisation du savoir-faire et de la capacité d’investissement des opérateurs privés nationaux, et sur transfert effectif de compétences aux collectivités locales dans l’organisation de ce service.