Une expérience douloureuse
Cette expérience a lieu à Dakar.
En juin des plans de Jatropha plantés en haie ont été attaqués par des cochenilles. Une taille n’y a rien fait : les cochenilles les ont aussitôt réinfestés.
Un traitement avec de l’huile de neem a été efficace : en 3 traitements les arbres sont repartis, avec une croissance vigoureuse.
Mais les cochenilles sont revenues.
Entre temps il avait fallu abattre un papayer, impossible à traiter (6 m de haut), bien qu’il soit en pleine production.
D’ordinaire les cochenilles qui infestent les hibiscus (ils y sont très sensibles) disparaissent à l’arrivée des pluies. Mais elles ont eu beau être particulièrement violentes cette année, rien n’y a fait...
Sur un deuxième site, fin juin il n’y avait pas encore une seule trace de cochenille sur des jatropha, âgés de 3 ans, très vigoureux et productifs.
Il y en avait eu par contre sur un manguier (couvert, mais apparemment pas affecté par les bestioles), mais elles étaient restées sur lui et avaient délaissé les pieds de Jatropha. On était en train de se dire que peut-être le manguier attirait sur lui les cochenilles... Mais fin août, une fois les pluies bien installées, les Jatropha sont à leur tour envahis.
Seuls de jeunes Moringa, âgés de 2 mois et plantés entre les pieds de Jatropha, ne sont pas atteints (pour l’instant en tout cas).
Un danger ?
Voici donc un ravageur auquel le Jatropha est très sensible.
Il semble cependant qu’on rencontre rarement les cochenilles en plein champ : est-ce que sa pullulation est liée à la pollution de l’air (une hypothèse qui avait été avancée il y a quelques années lorsque de nombreux espaces verts avaient souffert d’une forte invasion) ?
De telles attaques ont été également observées en République Démocratique du Congo (RDC) et les pieds de Jatropha maintenus en serre à la Faculté agronomique de Gembloux doivent régulièrement être pulvérisés contre les cochenilles et les araignées rouges. Dans les deux cas, l’environnement est très humide.
Au Sénégal, la longueur de la saison sèche, qui coupe le cycle de beaucoup de ravageurs, peut être un avantage et contribuer à limiter la prolifération des cochenilles.
Pour l’instant seule la fusariose a été identifiée comme présentant un risque majeur pour les plantations de Jatropha, et fait l’objet de programmes de recherche.
Soyons donc vigilants.
Le Jatropha constitue une ressource majeure pour l’approvisionnement en énergie du monde rural, mais sa production est encore très loin d’être maîtrisée.
Il est essentiel de partager nos observations afin que, si un risque quelconque était avéré, nous puissions mobiliser les centres de recherche partenaires.
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